Nouvelle interview dans le cadre de la promotion de La Vérité sur l'affaire Harry Quebert.

En 2009, Entertainment Weekly a publié une liste des 100 plus grands événements du showbiz de la précédente décennie. En numéro 69, il y avait… "Les cheveux de Patrick Dempsey". "Qu'est-ce qui a fait de Grey’s Anatomy un super méga succès ?" demandait le magazine. "Cela pourrait avoir quelque chose à voir avec l’écriture au scalpel de la créatrice Shonda Rhimes… ou avec la crinière incroyablement luxueuse de McDreamy. On dit ça comme ça." Cela donne juste un avant-goût du genre d'attention que Dempsey a généré depuis qu'il a acquis son immortel surnom, McDreamy, en 2006. L'étiquette est restée après que Rhimes ait expliqué à Oprah Winfrey à quel point elle était subjuguée par la performance de l'acteur dans Grey's Anatomy : "Sans rire, Patrick était 'homme le plus adorable que nous ayons jamais vu à la caméra. On a regardé le moniteur et on s'est dit : 'Regardez ses yeux dreamy (magnifiques) !'"

Ce rôle de neurochirurgien - dont le nom est en réalité le Dr Derek Shepherd - a valu à Patrick le prix de star masculine préférée à la télévision de People’s Choice à trois reprises. BuddyTV, de son côté, l'a placé en tête de sa liste des "Hommes les plus sexy à la télévision en 2011". McDreamy a probablement été la plus grande idole de la planète à la télévision. Aujourd'hui, Dempsey, 52 ans, semble admirablement insensible au tintamarre qui a englouti McDreamy. Il accepte avec bonne grâce le fait que ce surnom va lui coller le reste de sa vie : "Ça va me suivre jusque dans ma tombe, ça ne fait aucun doute".

Ça ne signifie pas qu'il n'a pas envie de développer sa carrière dans des directions différentes. Il y a trois ans, il a quitté Grey’s Anatomy, lorsque Derek a été tué dans un accident de voiture. Depuis lors, il a fait des efforts résolus pour se démarquer de McDreamy. Par exemple, il a joué le rôle du rival de Mark Darcy (Colin Firth) dans Bridget Jones’s Baby. "C’était un peu accablant de voir l’ombre de Hugh Grant derrière moi. Mais bizarrement, j'ai rencontré Hugh dans un avion entre Londres et la Californie et il a été très aimable et drôle." Grant lui a-t-il donné des conseils sur les points les plus délicats de la bagarre contre Firth, qui est normalement un moment-clé dans un film de Bridget Jones ? "C'est arrivé tout le temps - 'Vous allez vous bagarrer avec Colin Firth !' Mais Colin et moi, on s'est très bien entendu et heureusement, nous n’avons pas eu à nous battre."

Maintenant, Dempsey fait un pas de plus vers l'abandon de McDreamy en interprétant un personnage bien plus discutable dans La Vérité à propos de l'affaire Harry Quebert. Il joue le rôle-titre dans cette version en 10 parties du best-seller de Joel Dicker (qui serait la plus grande exportation de la Suisse après Roger Federer). La série dramatique est la première production télévisée réalisée par Jean-Jacques Annaud (Le Nom de la Rose).

Dans la série, le premier rôle de Dempsey depuis le départ de Grey’s Anatomy, Harry Quebert est un romancier "éphémère". Souffrant du "syndrome d'Orson Welles", il a connu son unique succès littéraire il y a plus de 30 ans et il vit maintenant reclus dans une ville côtière reculée du Maine. Cependant, il fait la une des journaux lorsque le corps d’une jeune fille de 15 ans nommée Nola Kellergan, disparue depuis 1975, est déterré sur sa propriété. Quebert était amoureux de la fille et elle a été enterrée avec une copie du manuscrit du livre qui a fait son succès. Il est arrêté, mais rien dans La Vérité à propos de l'affaire Harry Quebert n'est ce qu'il parait.

L’acteur qui, plusieurs années avant Grey's Anatomy, a connu le succès en tant qu'adolescent dans des films tels que Can't Buy Me Love et Loverboy, serait le premier à admettre que jouer le rôle de Quebert est au moins en partie une tentative d'échapper à l'étiquette de McDreamy 2. "Lorsque vous jouez un personnage, vous voulez qu’il soit inattendu"», explique Dempsey, qui a trois enfants avec sa femme depuis 19 ans, la coiffeuse et maquilleuse Jillian Fink. "Vous voulez continuer à surprendre le public. Alors, avec de la chance, on emmène mon public de Grey’s Anatomy, on l'élargit et on les fait voyager avec nous. En constante amélioration en tant qu’artiste.”

Un autre aspect qui pourrait bien attirer le public vers La Vérité à propos de l'affaire Harry Quebert est son exploration de l’impact que la célébrité peut avoir. "Harry est devenu un reclus", raconte Dempsey, qui, jeune homme, a rejoint une troupe de vaudeville en tant que jongleur, plutôt que d'aller à l'université. "C'est quelqu'un qui a eu du succès au début. Mais ça l'a affecté et il s'est détaché de sa célébrité. Une partie de l'histoire consiste à découvrir pourquoi." Il y a bien sûr des parallèles entre Quebert et des auteurs reclus dans la vie réelle tels que JD Salinger et Harper Lee. "Au début de sa vie, Harry avait une histoire à raconter. Après cela, il a eu l'impression qu'il n'y avait plus rien à dire. Une fois ce niveau de réussite atteint, il s’est rendu compte que ce n’était pas ce qu’il pensait. Cela ne lui apportait pas de satisfaction."

Alors, est-ce que ça correspond à Dempsey ? La célébrité est-elle pour lui un cas où il faut "faire attention à ce qu'on souhaite" ? "Ce que vous souhaitez et la réalité de la célébrité sont deux choses différentes", dit l’acteur. "Une fois que vous avez réussi, comment le vivez-vous ? Pour la plupart des gens qui ont du succès, cela vous permet de régler le problème. Vous pensez, "OK, je l'ai fait. Je me sens bien.' Mais après, quel est le prochain combat ? Il est très facile de se protéger de tout ce qui perturbe votre existence confortable. Mais vous autorisez-vous à être à nouveau mal à l'aise ? Cela vous aide à grandir en tant qu'artiste et en tant que personne."

Surtout, Dempsey espère que La Vérité à propos de l'affaire Harry Quebert fournira une évasion bienvenue en ces temps tumultueux. "L'art dramatique est absolument vital dans ce monde turbulent. Il offre une échappatoire à un monde incroyablement compliqué et déprimant."

Avant de partir, Dempsey prend une minute pour souligner que, malgré le chagrin qu'il a causé dans le monde, il croit avoir choisi le bon moment pour quitter Grey's Anatomy. «Dix ans, c'est long dans une série, quelle qu'elle soit. Il est très difficile de faire en sorte que les histoires restent fascinantes, en particulier dans une série de 25 épisodes par an qui passe sur une grande chaine. Donc pour moi, il était temps de partir… ça fait du bien d'aller de l'avant et d’avoir de nouveaux défis." Il est peut-être passé à autre chose, mais cela n’empêche pas les légions de fans de Grey’s Anatomy de l'arrêter dans la rue tous les jours. "Les fans de la série viennent constamment vers moi" dit l’acteur. Que veulent-ils ? Une consultation médicale ? "Non", répond l'acteur en riant. "Ils veulent que je revienne dans la série ce qui, compte tenu de ce qui est arrivé à Derek, est vraiment très drôle." source