• Harry Quebert : interview de Jean-Jacques Annaud

    A la fin du mois de novembre dernier, un média canadien s’est rendu dans la petite ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, dans la province du Québec, où l’équipe de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert étaient en train de tourner deux scènes. L’occasion d’interviewer le réalisateur Jean-Jacques Annaud pour en apprendre un peu plus sur la série, et aussi sur les transformations physiques subies par Patrick pour interpréter son personnage.  

    Situé à environ 40 kilomètres au sud-est de Montréal et non loin de la frontière avec le Vermont, la scène est prête pour une conférence de presse donnée par la police. À l'extérieur d'un discret immeuble de bureaux, les fausses caméras et les camionnettes des médias se mêlent à l'équipement cinématographique et aux fourgonnettes de transport, brouillant la frontière entre la scène et le réel. Pour la plupart des passants, il semble qu'il s’agit d’une véritable conférence de presse.

    On est fin novembre 2017 et la dernière partie du tournage de La Vérité sur l’affaire Harry Quebert, une ambitieuse mini-série en 10 épisodes produite par MGM Television, est en cours. Basée sur le deuxième roman très apprécié de l'écrivain suisse Joël Dicker, l'adaptation est dirigée par le cinéaste français Jean-Jacques Annaud, avec dans les rôles principaux Patrick Dempsey, Ben Schnetzer, Damon Wayans Jr et Virginia Madsen. La série devrait ouvrir le premier festival Canneseries en France, le 7 avril, avant d'être diffusée sur Epix aux États-Unis et sur TF1 en France. MGM vendra les droits pour d'autres pays au MipTV, peu de temps après la première de Cannes.

    Ben Schnetzer interprète Marcus Goldman, un jeune romancier en quête d'inspiration pour son prochain livre. Alors qu'il arrive au New Hampshire pour voir son professeur d'université, Harry Quebert (Dempsey), le corps d'une adolescente disparue il y a plus de trente ans est découvert, et Quebert est impliqué.

    Cette série marque la première incursion d'Annaud à la télévision. Ayant remporté un Oscar en 1976 pour son premier film, La Victoire en Chantant, il est surtout connu pour avoir réalisé une série de films à Hollywood, dont Le Nom de la Rose en 1986, Sept ans au Tibet en 1997 et Stalingrad en 2001. Néanmoins, il a passé ces dernières années à envisager un passage au petit écran. "J'ai vu que la télévision prenait les devants en matière de narration et de matériel plus mature", explique-t-il lors d'une pause sur le tournage. Après avoir lu le roman de Dicker il y a deux ans, on lui a d'abord demandé d’en faire un film, "mais pendant que je tournais les pages, il y avait tellement de personnages intéressants et de rebondissements dans l'histoire que j'ai dit : ‘C’est le moment parfait pour moi de dire oui à la télévision, pour une mini-série de 10 épisodes’. Il y avait aussi d'autres facteurs : j'ai été habitué à des films assez longs avec de longues préparations, et l'idée de faire les choses plus vite est quelque chose qui me plaît."

    Son idée du "plus rapide" semble être un euphémisme. Sur le plateau, l'équipe de production fait remarquer que la plus grande partie du tournage est concise et qu’ils tournent rarement en soirée. "On avance rapidement, donc on avance avec énergie, en gardant à l'esprit qu’on doit raconter l’histoire dans son ensemble et ne pas nous soucier autant des petits détails, des reflets dans les miroirs, des choses comme ça", explique le réalisateur. "Et je dois dire que j'apprécie énormément cette façon de faire les choses. Je n'étais pas certain de vouloir réaliser les 10 épisodes, mais MGM a insisté. Et en fait, j'aime avoir le contrôle. Je ne sais pas comment plusieurs réalisateurs auraient pu s'adapter pour connaître l'intimité de chaque personnage, la complexité. "

    L'approche d'Annaud vis-à-vis de la série a été de tourner la série "comme un film de 10 heures en segments". Ainsi, l'équipe a fait du block-shooting (tourner les scènes en fonction du lieu et pas de la chronologie) plutôt que de tourner en fonction des épisodes. "C'est bon pour le budget, c'est bon pour l'énergie et c'est très efficace", souligne-t-il. Il a également repris une technique qu’il avait développée il y a près de quarante ans, lors du tournage de La Guerre du Feu, en 1981. "Je ne pouvais pas faire beaucoup de prises sinon le maquillage était ruiné, alors j’ai tourné avec trois caméras en même temps", explique-t-il. "Mais ce sont trois caméras avec des angles très différents, ce qui permet une grande couverture et cela met aussi les acteurs dans une situation où ils savent que si c'est bon, alors la première prise, sans répétition, sera celle qui sera choisie. Si la caméra A n'est pas bonne, c’est en général bon sur la caméra B ou C. Et cela donne beaucoup d'énergie sur le plateau, c'est génial", ajoute-t-il. "Le réalisateur des Sept Samouraïs, Kurosawa, avait l'habitude de faire ça."

    À 10h00, l'équipe est prête à poursuivre le tournage de la journée, mais la météo pose problème. On est censé être en automne en Nouvelle-Angleterre, alors ils utilisent des souffleuses à feuilles et des pelles pour dégager la neige du plateau. Mais celle-ci tombe plus vite qu'ils peuvent l'enlever. Pour l'instant, ils vont devoir attendre.

    Dans la première des deux scènes, Schnetzer arrive au poste de police et sort d'un taxi, pour entrer d’un bon pas à l'intérieur du commissariat tout en téléphonant. La seconde le montre quitter le commissariat avec Wayans, marchant ensemble et se parlant tout en se dirigeant vers la voiture de patrouille. "Dans la série, je joue en quelque sorte le rôle du public, et donc mon personnage voit les rebondissements de l'histoire en même temps que le public", explique Schnetzer. "Comme on a tourné la série comme si c’était un film, ça n'a pas été tourné par épisode, c'est presque comme si on tournait un film de 500 pages. J'ai dû travailler plus sur la chronologie, pour comprendre où on en était dans l'histoire. C'est vraiment un travail de longue haleine."

    Avec le Québec qui représente la Nouvelle-Angleterre, le tournage d'aujourd'hui se déroule en 2008 dans le calendrier de de la série. Plus difficiles, cependant, ont été les flashbacks sur Harry Quebert en 1975, qui ont exigé un look complètement différent du point de vue du décor, des effets visuels et du maquillage.

    Parmi ceux qui ont adopté le look de l’époque, il y a une jeune actrice canadienne, Tessa Mossey, qui joue Jenny Quinn, la jeune reine du bal de promo, dans les flashbacks, avec Victoria Clark qui interprète la version actuelle du personnage. "Il y a un tout autre niveau de préparation quand il s'agit d'entrer dans une période différente", explique Mossey entre les prises. "Je trouve, surtout avec un personnage comme Jenny, que les gens qui étaient populaires à cette époque, la musique qui était populaire, tout cela joue un très grand rôle dans son identité. Elle veut que ses cheveux ressemblent à ceux de Farrah Fawcett, elle veut que ses cils ressemblent à ceux de Twiggy. Il y a tous ces gens qu'elle admire et qui influencent son identité, qu'elle pense être très importante pour les gens. Donc, la période à laquelle ça se passe influence beaucoup la création de cette esthétique."

    De plus, la série utilise un maquillage important pour vieillir ses personnages. Dans le cas de l'acteur principal, Patrick Dempsey, qui revient à la télévision après 11 saisons dans Grey's Anatomy, il a fallu qu'il soit à la fois plus âgé et plus jeune pour le bond de 30 ans que fait la série. "Pour le rajeunir, ce qu’on peut faire est plutôt limité", explique la chef maquilleuse Émilie Gauthier. "C'est essentiellement du maquillage et un peu d’effets visuels en post-production." Ajouter des années supplémentaires à Dempsey a toutefois représenté un travail bien plus considérable. "On comprend qu'il a environ 35 ans en 1975, alors il doit avoir maintenant environ 68 ans", explique Gauthier. Cela représente environ trois heures et demie de maquillage tous les jours. "Il y a une grosse prothèse dans le cou, trois autres sur la mâchoire et près du nez, et puis on travaille à la main autour des yeux, avec un procédé qu’on appelle pointillé."

    Au-delà des cheveux et du maquillage, le directeur de la photographie Jean-Marie Dreujou - un collaborateur habituel d’Annaud - a été chargé de créer des images uniques et immédiatement identifiables pour les différentes périodes de la série. "L'exigence principale de Jean-Jacques était de mettre en place, d’un point de vue visuel, les deux périodes de temps", explique Dreujou. "C’était très important que le téléspectateur puisse voir immédiatement de quelle période il s'agit, car la série est compliquée en ce qui concerne les flashbacks, et les flashbacks dans les flashbacks. C’est essentiel de savoir exactement où vous êtes dès que vous voyez les images, entre 1975 et les autres années."

    Après le déjeuner, la température sur le plateau tombe de -4 à -8°. Schnetzer et Wayans Jr, vêtus de vestes légères d’automne, fourrent leurs mains dans leurs poches entre les prises, en sautillant d’un pied sur l’autre pour essayer de ne pas se refroidir. Au moins, le rythme soutenu du tournage offre un peu de répit à cause du froid mordant. Annaud "sait vraiment ce qu'il veut et il obtient ce qu'il veut ; il faut juste être prêt à faire une ou deux prises", souligne Wayans Jr, qui joue le rôle de l'enquêteur principal de la série, le Sgt Gahalowood. "Vous êtes toujours sur vos gardes parce qu'il va vite, il avance", ajoute-t-il. "Honnêtement, je n'ai jamais été sur un tournage qui va aussi vite, mais c'est un exercice amusant, j'aime ça. Vous n'avez pas vraiment la chance de monter en puissance dans une scène ; vous devez vous assurer d’être directement là, autant que possible."

    Annaud sourit pour marquer son accord. "Ils sentent l'énergie, ils sentent l'histoire", dit le réalisateur, en se préparant pour une autre scène. "Tout le monde sait qu’il faut être bon directement ; les premiers assistants opérateurs, les acteurs... ils savent que s'ils ne connaissent pas leurs répliques, ils auront l'air stupide, alors c'est une compétition en interne pour tout le monde." source


  • Commentaires

    1
    David
    Vendredi 7 Décembre 2018 à 15:12

    Salut,

    Dommage? qu'avec ce cinquième épisode, je pense avoir un mobile de crime suffisant. En effet, la prise de vue qui donne suite aux adieux à Harry, endormie sur la terrasse, de la part de Nola, fait apparaitre cette dernière avec un nouveau short bleu neuf plus court qui fige l'image du réalisateur sur le galbe de ses fesses naissantes ; cette scène  dévoile "le cul" de Nola, c'est à dire, qu'elle est une ambitieuse, garce et salope qui ne recule devant aucun obstacle.

    En effet, elle quitte définitivement Harry, pour rejoint le millionnaire du coin, qui se fait payer les loyers une fois par mois (ou par semaine à l'américaine) en la sautant en échange (ce qui explique son besoin d'argent !?). Ce dernier ne veut pas que cette relation cesse . c'est lui qui les espionne et lit le livre en gestation au fur et à mesure de son avancement. Il sait qu'une fois le romand terminé il perd Nola, et ne peut l'accepter. C'est alors, qu'il propose à Nola de l'éditer en lui faisant miroiter à cette ambitieuse, qu'elle n'a plus besoin de Harry pour connaitre les fastes de la jet set et la notoriété.

    En montrant son cul, elle emporte avec elle l'objet et mobile du crime de Harry, qui ne peut supporter un affront de plus. A son réveille, il découvre tout, le tableau de nue que lui montre le chauffeur, le paiement par prostitution des loyers, le voyeur millionnaire (qui assassine son chauffeur par peur que ne soit dévoilé le piège tendu, il méprise Harry), et son goût à se taper toutes les gamine du bled. Le chauffeur à fait savoir à Harry que Nola est la fille de ce millionnaire, bien que lui ne se sait incestueux. L'on comprend, de là, le laisser faire du pasteur à voir Nola se faire tabasser par sa mère ex-maitresse du millionnaire, qu'il avait épousée grosse...

    L'on comprend de même que le jeune écrivain est le fils naturel de Harry, que sa mère (juive new-yorkaise) veut se venger c'est la raison de sa fuite et démission du poste de professeur( n'était-elle pas un obstacle à son ambition de devenir une écrivain reconnu !?) a envoyé suivre les cours de Harry par son fils (qui ignorant tout), il se montre comme un redoutable concurrent dans ce genre de littérature lubrique. Harry Quebert lui donne une leçon qui porte ses fruits puisqu'il apprend à encaisser les coups et là il se révèle être son fils naturel. 

    Nola, peut de même avoir un copain gigolo ou admirateur non encore révélé dans les épisodes, qui la venge parce qu'il refuse que sa mémoire soit salie. 

    Etc.

    Ce film est passionnant par les possibilités de mobiles de crime, presque tous les personnages, en âges en 1975, détestent Nola et l'adulent car elle représente l'ambition qu'ils n'osent dévoile par leur peur d'abandonner une vie médiocre pour New York , ville de tous les vices : la Nouvelle Babylone.

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