• Interview pour CIAK Magazine

    Un magazine italien consacré au cinéma a interviewé Patrick et Colin Firth.

    Avant l’interview, Patrick et Colin discutent du fait que Colin parle couramment l’italien, au point de pouvoir répondre à des interviews dans cette langue.

    Vos personnages ressemblent à Laurel et Hardy. Les aviez-vous à l’esprit dans les scènes comiques et au moment de faire des mimiques faciales ?
    Patrick: Non mais j’ai toujours adoré les films muets. Buster Keaton, j’ai toujours été fan de ce qu’il a fait. Et des anciennes comédies romantiques, des comédies loufoques. On en a beaucoup discuté. Ils ont fait un super boulot à l’époque. Le scénario est tellement fort, et le jeu d’acteur, et la dynamique, ce que l’histoire raconte. On aimerait en voir plus. Comme la série des films The Thin Man. On en a parlé. Est-ce qu’on pourrait encore fait quelque chose comme ça maintenant ? Je ne le pense pas. Mais j’aime ce genre d’histoires.
    Colin: Et la comédie burlesque.
    Patrick: Oh oui, j’adore ça.
    Colin: C’est merveilleux quand ça marche et je trouve que Buster Keaton est un génie. C’est dû aussi au fait qu’il est inexpressif et pas seulement à ces extraordinaires cascades physiques dont il était capable. Son immobilité et le fait que, selon moi, il était parfois physiquement incapable de sourire. Il restait de marbre, ce qui est immensément drôle. Et dans ce film, mes scènes préférées sont celles qui impliquent des trucs physiques. Comme celle où on porte Bridget.
    Patrick: Oui, la scène du pont quand elle va à l’hôpital pour accoucher, c’est pour moi la plus amusante.

    il y a aussi une scène très drôle, quand ils sont dans la porte tambour.
    Colin: C’est une comédie physique aussi parce qu’on est dans une porte tambour et on ne peut pas être facilement là-dedans à deux personnes. Mais là, on y est à trois, dont une qui a cet énorme ventre et d’une certaine façon, on ne joue pas la comédie dans ce genre de scène. La comédie est déjà là.
    Patrick: Dans la situation.

    Même avec le temps qui est passé, Mark Darcy est encore dans le contrôle.
    Colin: Je crois qu’il est quasiment défini par le fait qu’il est tellement guindé et inhibé. Je pense que c’est le stéréotype de l’Anglais. Je crois que n’importe qui qui a passé du temps en Angleterre sait qu’il n’y a vraiment pas beaucoup d’Anglais comme ça et pourtant, ce stéréotype persiste et j’en suis probablement responsable en partie. Mais je pense que, comme beaucoup de gens qui se conforment à ce genre d’archétype, Darcy est en fait vraiment, vraiment passionné. Le fait qu’il réprime ses sentiments et qu’il se contient autant, ça ne marche pas, quand il s’agit d’émotions vraiment fortes. Des émotions envers Bridget. Dans les anciens films, il y a l’hostilité envers Daniel Cleaver. Ses difficultés par rapport à la jalousie de Jack et la façon dont il est menacé. Ses insécurités et ses doutes. Je crois qu’il a des émotions vraiment très, très fortes et qu’il est presque totalement incapable de les exprimer.

    Certains réalisateurs disent de Patrick Dempsey qu’il n’est pas moralisateur. Il se reconnait ?
    Colin: C’est quoi, un moralisateur ?
    Patrick: C’est ce que j’essaie de comprendre. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
    Journaliste: Moralisateur.
    Patrick: Qui ne fait pas beaucoup la morale ? Hmm… Je n’ai peut-être pas fait assez de drames. Ça doit venir de là. Je dois en faire. Je n’en sais rien, je n’y ai jamais pensé. Je pense qu’il y a certaines choses qui se présentent. Vous avez une opportunité et vous la saisissez. Je n’ai jamais vraiment eu de stratégie pour ma carrière. Je prends les choses comme elles viennent et je suis la direction. Je ne sais pas.

    Dans ce film, nous avons deux pères et la possibilité d'élever un enfant à trois.
    Colin: Je pense qu’il a y tellement d’autres choses qui sont plus importantes.
    Patrick: Oui, je pense à l’amour.
    Colin: Vous savez, il y a beaucoup de gens qui s’accrochent à l’idée du genre qui n’est pas un facteur. Ce qui est important, c’est l’amour, que les enfants soient bien traités, qu’ils soient écoutés, guidés. Ça, c’est ce qui est important.
    Patrick: Etre là pour eux, c’est ce qui compte. Être là pour votre famille et être disponible pour vos enfants, même s’ils ne sont pas conscients du fait que vous êtes dans la pièce. Ça n’a pas d’importance. Mais s’ils se tournent vers vous et vous regardent, qu’ils sachent que vous êtes là. C’est ce que vous devez faire. C’est ça, être de bons parents.
    Colin: Pour des enfants qui sont aimés par leurs parents, je crois que le genre ne compte pas. Ce n’est pas important du tout.

    Qui est pour vous Bridget Jones aujourd’hui ?
    Colin: Pour moi, ça ne représente rien du tout. C’est juste un film divertissant. Vraiment. Je ne suis pas désinvolte. Voilà. Je pense que quelqu’un qui voudrait voir ça comme un mode d’emploi pour la vie se trompe. Si vous ressentez de l’affection pour elle, si vous riez, si vous êtes bouleversé par elle, la mission est remplie. C’est vraiment la seule chose qu’on a essayé de faire avec ce film.

    Ce qui compte le plus chez un acteur ?
    Colin: On ne peut pas seulement souligner une seule chose, pour moi.
    Patrick: Oui. On demande toujours aux gens comment ils écoutent les acteurs et comment ils peuvent ressentir ce qu’ils entendent. J’adore être dans un avion et regarder un film sans avoir le son. Je trouve que je retire plus de choses du film que je ne le fais quand j’ai les dialogues. Parce qu’on ressent l’émotion des scènes. On peut la voir dans les yeux de l’acteur. Pour moi, la vie intérieure est la chose la plus importante. Colin: C’est ça, notre travail, d’ailleurs, pace que quelqu’un d’autre a écrit le scénario, en général. Notre travail, c’est de faire ce que le langage ne fait pas. C’est l’attitude. C’est ce qui se passe entre les mots. Ce qui continue quand les mots ont été prononcés. Evidemment, les mots sont une source incroyablement puissante pour nous. Ma grande passion dans la vie, c’est la lecture. Mais nous comprenons tous que le langage en lui-même a de grandes limites et aller là où le langage ne peut pas aller, c’est notre travail. (à Patrick) Tu regardes des films sans le son et parfois je fais la même chose. J’ai eu un professeur dans mon cours de théâtre qui disait après avoir vu des acteurs jouer une scène, "Est-ce que je comprendrais cette scène si elle était en suédois ? Je ne crois pas. Vous faites simplement du bruit. Vos corps ne me disent rien, vos visages non plus, je vous entends simplement prononcer des mots. Mais je ne sais pas ce qui se passe." Je crois que d’une certaine façon, quand le jeu d’acteur est vraiment, vraiment convaincant, vous allez comprendre ce qui se passe entre deux personnes, que vous entendiez les mots ou pas.


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