• Interview pour l'Express

    Douze ans après le dernier Bridget Jones, la plus célèbre des single girls fait son retour au cinéma, et relance le débat sur le célibat et la maternité après 40 ans. Rencontre avec Renée Zellweger, Colin Firth et Patrick Dempsey.

    C'est dans une suite de l'hôtel George V, par une matinée ensoleillée de septembre, à Paris, que les trois stars de Bridget Jones's Baby, mis sur leur trente et un, ont reçu quelques journalistes. Fans des livres de Helen Fielding, mais aussi de leur adaptation au cinéma, nous l'admettons volontiers, nous étions sacrément impatients de les rencontrer. D'autant que quelques semaines avant sa sortie, le film, troisième volet de la saga, a déclenché un débat dans la presse anglo-saxonne.

    Dans un monde où la single life a bien moins mauvaise presse qu'il y a vingt ans, Bridget Jones a-t-elle encore sa place? A cette question, nous choisissons de répondre "oui". Même si la société a beaucoup évolué depuis l'apparition de la célibattante (sous la forme de chroniques avant d'être un roman) dans les colonnes du quotidien britannique The Independent, en 1995, certains diktats persistent.

    Preuve en est, dans une tribune publiée en juillet sur le site du Huffington Post, l'actrice Jennifer Aniston a enflammé la Toile en dénonçant l'"objectification" des femmes dans les médias. Son argument? Si une femme est célibataire ou sans enfant, passé un certain âge, la société la considère comme "incomplète". Renée Zellweger et l'actrice Courtney Cox ont, quant à elles, été violemment critiquées pour leur recours à la chirurgie esthétique, et ont fustigé cet acharnement médiatique sur l'apparence physique des femmes.

    Même si elle ne s'adresse plus à la génération des trentenaires, Bridget Jones a encore son mot à dire. Et, au fond, rien de tel qu'un peu d'humour british pour faire bouger les lignes...

    Comment expliquer la popularité de Bridget Jones ?
    R. Z.: Elle est profondément humaine! On se retrouve tous en elle. Elle incarne une forme de vérité: elle ne triche pas, ne se conforme pas à ce que la société aimerait qu'elle soit. On s'identifie facilement à ses doutes, à ses angoisses, aux défis qu'elle veut relever. Elle n'est pas parfaite, mais elle a un optimisme à toute épreuve.

    Le premier et le troisième films ont été réalisés par Sharon Maguire, et le deuxième par Beeban Kidron. C'est donc une trilogie 100% féminine...
    R. Z.: Oui, et je m'en réjouis. Bridget Jones est une histoire de femme avant tout. Et seule une femme peut percevoir les nuances et les subtilités de ce monologue intérieur.
    P. D.: En tant qu'homme, c'est si bon de plonger dans cet univers ! Il faut plus de personnages comme celui-ci, plus de femmes qui écrivent, qui prennent la parole et partagent leur point de vue au cinéma. C'est aussi pour cela que Bridget Jones est si bien reçu par le grand public. Nous avons envie de personnages féminins plus réalistes, plus "vrais" à l'écran. Notre société est happée par un culte de la jeunesse qui empêche de célébrer les autres étapes de la vie.

    La comédie romantique peut-elle contribuer à contrecarrer certains tabous sociaux ?
    R. Z.: C'est là tout le génie de Helen Fielding. Elle a réussi à distiller une critique sociale dans une comédie romantique. Les imperfections de Bridget Jones la rendent attendrissante, et, au fond, la réflexion sur le célibat ne concerne pas uniquement les femmes. Après un certain âge, nous partageons tous cette crainte de finir seuls. Grâce à la fiction, on s'attache à ces personnages. On en parle entre amis, en famille... Ces discussions contribuent à créer un nouveau paradigme, à proposer de nouvelles façons de vivre, et à les rendre acceptables. La comédie aide à faire passer la pilule, à parler de sujets de société en les dédramatisant.

    C'est la troisième fois que vous marchez dans les pas de Bridget Jones et de Mark Darcy. Avec le recul, quel regard portez-vous sur vos personnages respectifs ?
    R. Z.: Je l'aime depuis l'âge de 29 ans. Tout m'a plu chez elle : son cheminement, ses questionnements... A savoir, le décalage entre ce qu'on imagine être à un certain âge, l'idée qu'on se fait de notre vie, et la réalité. J'apprécie aussi le fait qu'elle ait grandi, qu'elle ait gagné en assurance, surtout professionnellement.
    C. F.: Quant à moi, j'ai beaucoup d'affection pour mon personnage [Mark Darcy], mais je ne lui ressemble pas. Je ne viens pas du même milieu que lui, je n'ai pas été scolarisé dans une école privée, et je ne suis pas non plus un brillant avocat! [Rires.] Le genre de la comédie romantique est construit sur des archétypes: l'idiot, le héros, le romantique, le vieux sage... Mon personnage, lui, est la quintessence même du Britannique un peu coincé. Ce n'est pas très représentatif du Royaume-Uni, tel qu'il est aujourd'hui. Cette vision de l'homme anglais a nourri de nombreux rôles que j'ai interprétés au cinéma, et c'est très ironique. J'ai choisi d'être acteur dans les années 1970 car je m'étais juré de ne jamais porter un costume pour aller au travail. Et voilà que j'incarne justement cette image du parfait gentleman...! La vie a un sacré sens de l'humour ! source


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